Il rêvait d’offrir un Mediapart à l’Algérie. La mort, de connivence avec le régime, n’en a pas voulu !
Samedi 31 décembre, en travaillant sur l'index de mon dernier manuscrit, j'ai corrigé des coquilles, dont celle touchant au nom d'un vieil ami : Abdou Benziane, que je cite plusieurs fois dans un chapitre sur Alger et le cinéma. A un tournant de page, je tombe sur cette orthographe erronée: Abdou Bouziane. Cela m'a étonné de trouver, sur ce nom si familier, un "ou" à la place du "en"...
Et ce dimanche 1er janvier, j'apprends que le même samedi soir, à l'heure où je portais le nom de "Benziane, Abdou" sur l'index, son coeur s'était arrêté de battre.
Abdou B. (c’est ainsi qu’il signait) n'est plus.
Chroniqueur, ancien rédacteur-en-chef, créateur de la revue « Les Deux écrans » et critique de cinéma de talent, il voulait tant libérer la télévision algérienne, dont il avait pris quelques années la direction avant d’en démissionner... Je dis « la » télévision, parce qu’il n’y en a qu’une. Les Algériens, très portés sur la dérision, l’ont surnommée « L’Unique » : en France, on a TF-1, la Une, et en Algérie, on a l’Unique… Avec un staff de journalistes et d’animateurs, acquis majoritairement au régime et qui font honte au métier, contrairement à la majorité de leurs confrères de la presse écrite...
Une immense peine... Et cette impression effroyable qui, à rebours, me reste de ce 31 décembre : au moment où, rectifiant la coquille qui insultait le nom de l'ami Abdou, je biffais les lettres fautives, la mort, elle, était en train de le "biffer" carrément de la vie.
P.S.: A Alger, les membres du gouvernement ont exprimé leur tristesse à la famille et à la profession. Derrière chaque mine de circonstance, la Faucheuse faisait son cinéma à elle, sans savoir qu'elle venait de couper une herbe de plus sous les pieds du Printemps...
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